jeudi 20 juin 2013

Le Blé (Poèmes) - Jean Jaurès (1859-1914)


N’est-ce pas l’homme aussi qui a créé le blé ?

Les productions que l’on appelle naturelles ne sont pas pour la plupart – celles du moins qui servent aux besoins de l’homme – l’œuvre spontanée de la nature. Ni le blé, ni la vigne n’existaient avant que quelques hommes, les plus grands des génies inconnus, aient sélectionné et éduqué lentement quelque graminée ou quelque cep sauvage.

C’est l’homme qui a deviné, dans je ne sais quelle pauvre graine tremblant au vent des prairies, le trésor futur du froment. C’est l’homme qui a obligé la sève de la terre à condenser sa fine et savoureuse substance dans le grain de blé ou à gonfler le grain de raisin. Les hommes oublieux opposent aujourd’hui ce qu’ils appellent le vin naturel au vin artificiel, les créations de la nature aux combinaisons de la chimie. Il n’y a pas de vin naturel.

Le pain et le vin sont un produit du génie de l’homme. La nature elle-même est un merveilleux artifice humain. Sully-Prudhomme a surfait l’œuvre du soleil dans son vers magnifique :

Soleil, père des blés, qui sont pères des races !

L’union de la terre et du soleil n’eût pas suffi à engendrer le blé. Il y a fallu l’intervention de l’homme, de sa pensée inquiète et de sa volonté patiente. Les anciens le savaient lorsqu’ils attribuaient à des dieux, image glorieuse de l’homme, l’invention de la vigne et du blé.

Mais, depuis si longtemps, les paysans voient les moissons succéder aux moissons et les blés sortir de la semence que donnèrent les blés ; la création de l’homme s’est si bien incorporée à la terre, elle déborde si largement sur les coteaux et les plaines que les paysans, tombés à la routine, prennent pour un don des forces naturelles l’antique chef-d’œuvre du génie humain.

Et comment, en effet, sans un effort de l’esprit, s’imaginer de façon vivante que cette grande mer des blés qui, depuis des milliers d’années roule ses vagues, se couchant, dorée et chaude en juin, pour redresser en mars son flot verdissant et frais, gonflé encore peu à peu en une magnifique crue d’or, comment s’imaginer que cette grande mer, dont les saisons règlent le flux et le reflux, a sa source lointaine dans l’esprit de l’homme ?

dimanche 9 juin 2013

Question de point de vue


Apprendre à voir les problèmes et les situations qui se présentent d'un autre point de vue, c'est là toute la réflexion sous-tendue par cette petite histoire qui circule sur Internet...


De retour à la maison, dans votre voiture sport, en plein milieu d'une terrible tempête, vous passez devant un arrêt de bus et vous y voyez 3 personnes :

a) Une dame âgée gravement malade et qui mourra si elle n'arrive pas à l'hôpital à temps.

b) Un médecin, bon ami à vous, qui vous a sauvé la vie il y a quelques années.

c) L'être le plus beau que vous n'avez jamais eu la chance de rencontrer, la personne à qui vous avez toujours rêvé et avec laquelle vous seriez disposé à passer le reste de votre vie.

Comme votre auto est du genre sport, vous pouvez seulement amener un passager.

Que feriez-vous si vous étiez dans cette situation ?




Et si la réponse était: 

"Je donne les clés de mon auto au médecin pour qu'il amène la madame âgée à l'hôpital et je reste pour attendre l'autobus avec la personne de mes rêves"

mardi 4 juin 2013

Rien ne sert de courir...



Une vieille légende Hindouiste raconte qu’il fut un temps où tous les hommes étaient des dieux.

Comme ils abusèrent de ce pouvoir, Brahma, le maître des dieux, décida de le leur retirer et de le cacher dans un endroit où il leur serait impossible de le retrouver.

Oui, mais où?

Brahma convoqua en conseil les dieux mineurs pour résoudre ce problème.

-Enterrons la divinité de l’homme, proposèrent-ils.

Mais Brahma répondit:
-Cela ne suffit pas, car l’homme creusera et trouvera.

Les dieux répliquèrent:
-Dans ce cas, cachons-la tout au fond des océans.

Mais Brahma répondit:
-Non, car tôt ou tard l’homme explorera les profondeurs de l’océan. Il finira pas la trouver et la remontera à la surface.

Alors, les dieux dirent:
-Nous ne savons pas où la cacher, car il ne semble pas exister sur terre ou sous la mer d’endroit que l’homme ne puisse atteindre un jour.

Mais Brahma répondit:
Voici ce que nous ferons de la divinité de l’homme: nous la cacherons au plus profond de lui même, car c’est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher.

Et depuis ce temps-là, conclut la légende, l’homme explore, escalade, plonge et creuse, à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.