lundi 24 novembre 2014

Canon - Johann Pachelbel (1653-1706)

Johann Pachelbel est un musicien allemand né et mort à Nuremberg (1er septembre 1653 – 3 mars 1706). Pachelbel est connu du grand public par son fameux "Canon et gigue en ré majeur pour trois violons et basse continue". Ce morceau fait partie d'une pièce de musique de chambre baroque, écrite en 1677. Dans cette célèbre pièce, trois violons jouent exactement la même partition avec 2 mesures de décalage, tandis que la basse continue répète 54 fois la même mélodie de 8 notes. Le thème du "canon", simple au départ, devient de plus en plus complexe au fur et à mesure de l’avancée du morceau.


Très populaire, ce morceau a été vulgarisé et arrangé pour les instruments les plus divers et dans les styles les plus variés, oubliant souvent sa forme de canon et son écriture polyphonique. Il est généralement présent dans des recueils musicaux de l'ère baroque avec l'Aria de Bach ou l'Adagio d'Albinoni.

Au début des années 1970, le Canon de Pachelbel passa du statut d'œuvre assez méconnue de la musique baroque à celui d'objet culturel universel, familier à tous, joué en d'innombrables versions, tant en utilisant les partitions et instruments originaux qu'en l'arrangeant pour d'autres instruments ou genres musicaux.


Johann Pachelbel
Johann Pachelbel, dont le père était négociant en vins, fit des études musicales à Altdorf et Ratisbonne, et fut élève de Johann Kaspar Kerll. Il occupa successivement des postes d'organiste et professeur dans plusieurs villes d'Allemagne centrale et méridionale :

- à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne (Stefansdom) (1673),
- à Eisenach (1677), où il est lié d'amitié avec la famille Bach (il enseigne à Johann Christoph, le frère aîné de Johann Sebastian)
- à Erfurt (1678),
- à Stuttgart (1690),
- à Gotha (1692),
- à Nuremberg (église Saint-Sébald) en 1695, où il reste jusqu'à la fin de sa vie.

Pachelbel est à son époque un des compositeurs importants de l'Allemagne centrale et méridionale ; cette région est sous l'influence de l'Italie, beaucoup de ses musiciens ayant étudié avec Frescobaldi, Carissimi - c'est le cas de Kerll, son maître - ou les Gabrieli. Pachelbel est le principal maillon de la tradition qui relie Johann Sebastian Bach à ces modèles.

Son œuvre, à l'harmonie simple et à la mélodie chantante, est d'un contrepoint un peu sévère. Elle est loin de l'exubérance des organistes nordiques et comprend notamment :

*des sonates pour deux violons et continuo Musicalische Ergötzung 1691
*six séries de variations pour le clavecin Hexachordum Apollinis 1699
*de nombreuses œuvres vocales : environ 20 cantates, 30 motets et messes, 13 Magnificats
*de nombreuses pièces pour orgue : toccate, préludes, fugues, chorals, 94 versets de Magnificat. Cette partie de son œuvre a tendance à éclipser le reste.


Pachelbel Canon in D Original Instruments - Brooklyn Duo

jeudi 13 novembre 2014

Epicure (-341/-270)

Epicure - buste
Epicure est un philosophe grec, né dans l'île de Samos en -341, mort en -270. Il est le fondateur, en 301 av JC, de l'épicurisme, l'une des plus importantes écoles philosophiques de l'Antiquité.

Les parents d'Épicure étaient des clérouques - des Athéniens pauvres à qui on avait attribué une terre sur un territoire extérieur. Son père, qui était maître d'école, l'instruisit à la maison. Plus tard, Épicure reçut l'enseignement d'un philosophe platonicien, Amphile. Alors qu'il se trouvait à Athènes pour remplir ses obligations militaires, sa famille dut déménager sur le continent dans la cité de Colophon, où Épicure les rejoignit. C'est dans cette région qu'il vécut et étudia pendant plusieurs années. Il enseigna d'abord à Mytilène sur l'île de Lesbos, mais ses conceptions peu orthodoxes l'obligèrent à partir brusquement pour Lampsaque, où il fonda sa propre école. Finalement, en 306, il se rendit à Athènes pour fonder une seconde école, qui reçut le nom de «jardin» parce qu'il enseignait dans le jardin de sa maison.

Ses cours consistaient en conversations amicales avec ses élèves et disciples, au rang desquels se trouvaient des personnages célèbres (Mithrès et Idoménée par exemple). A la différence de l'Académie de Platon, qui s'adressait à une élite capable de former les futurs gouvernants d'un État idéal, et du Lycée d'Aristote, qui était devenu un centre de recherche et d'érudition, le Jardin d'Epicure visait avant tout à atteindre la Sagesse, à "vivre en accord avec la nature", et cela à l'écart de toute vie publique et de la politique, de la cité grecque dont les fondements étaient alors en crise.

La communauté que composaient ses élèves acquit une grande renommée, bien qu'elle fût aussi la cible de ragots car elle acceptait à la fois des garçons et des filles, et même des esclaves. Épicure l'avait organisée comme une sorte de poste de commandement d'où partaient des lettres vers les quatre coins du monde civilisé. Il avait constitué l'épicurisme en mouvement séculaire; l'un de ses soucis principaux était de libérer les hommes de la tyrannie de la superstition et de la religion. Son école obéissait à des principes non autoritaires et était dépourvue de formalisme. Après sa mort, elle continua à prospérer et essaima dans d'autres cités du monde grec, puis du monde romain.

A l'instar des stoïciens, les épicuriens divisent la philosophie en trois parties : l'éthique, la logique et la physique. Ils considèrent eux aussi que l'éthique est la plus importante. Épicure pense que des sciences comme l'astronomie ne sont importantes que dans la mesure où elles nous délivrent de notre ignorance des phénomènes célestes et démontrent que les doctrines religieuses fausses. Ce qui importe, c'est le bonheur,
qui consiste à vivre bien plutôt qu'à rechercher les plaisirs superficiels. Nous devons cultiver les désirs légitimes, ceux qui conduisent au véritable bonheur, lequel comprend la santé, l'amitié, l'absence de peur de la mort et la sagesse.

Jusqu'à sa mort, en 270, il enseigna sa philosophie atomiste et sensualiste, qui permet de fonder la science, de distinguer le vrai du faux, en physique, qui traite de la nature des choses, toutes deux ayant pour fin de préparer l'éthique, qui réfléchit sur ce qu'il faut faire pour mener une vie heureuse, c'est-à-dire pour atteindre la sagesse.

Épicure fut l'un des philosophes de l'Antiquité les plus prolifiques. Il publia au moins quarante ouvrages, dont certains étaient très volumineux, comme son chef-d'œuvre "Sur la nature", qui comptait trente-sept livres. Peut-être à cause de l'hostilité que le christianisme devait vouer à l'épicurisme, il ne nous reste que quelques fragments de l'œuvre d'Épicure, tirés d'autres auteurs qui l'ont cité: Trois lettres, Lettre à Hérodote, Lettre à Pythoclès, et Lettre à Ménécée, qui représentent un abrégé de sa philosophie, et qui nous ont été transmises par Diogène Laërce au livre X de ses Vies, Doctrines et Sentences des Philosophes Illustres; il faut joindre à cela un recueil de quarante Maximes dites "capitales", et un manuscrit du Vatican composé de Sentences "vaticanes".

La philosophie d'Epicure

La canonique

La canonique traite des critères et principes de la vérité; elle n'est ni une dialectique comme chez Platon, ni une théorie du concept et de l'argumentation apodictique comme chez Aristote, mais se donne plutôt comme un moyen d'approche de la réalité: son principe est celui de l'évidence sensible qui se comprend comme sensation, anticipation et affection.

La sensation : la sensation est le fondement de toute connaissance, elle naît du contact des corps qui émettent chacun des particules de matière de la même forme et de la même qualité qu'eux, et qui viennent frapper nos sens, provoquer en nous des modifications d'atomes. Ainsi la vue, par exemple, s'explique par le fait que les objets émettent sans cesse de fines particules, des simulacres, "qui se déplacent à une vitesse insurpassable et qui viennent frapper les atomes qui constituent notre âme". C'est dire que la sensation est une donnée brute, antérieure à la raison elle-même qui en dépend; aussi rien ne peut réfuter la sensation qui n'a besoin d'aucune justification.

Le témoignage le plus digne de foi est donc celui des sens, et parler des erreurs et des illusions des sens est, à ce niveau, incongru: ce n'est pas notre sensation qui est fausse, mais bien l'opinion que nous y ajoutons. Un même objet peut donner ainsi à des moments différents des sensations différentes qui représentent autant de saisies de l'instant en fonction duquel il faut avoir tel ou tel type d'attitude, l'erreur consistant à ajouter à cet instant des dimensions qu'il n'a pas. Le propre de la sensation est donc de saisir uniquement ce qui est présent pour nous, l'essentiel étant de ne pas y ajouter une opinion dont elle n'est pas messagère.

L'anticipation ou prénotion : la simple sensation ne suffit pas, il faut lui ajouter un autre critère, qui est la prénotion, ou anticipation, ou encore "prolepse". Lorsqu'elle est plusieurs fois répétée, une sensation laisse en nous telle ou telle sorte d'empreinte claire et évidente, une idée : les traits particuliers qui ne se répètent pas disparaissent et seuls les traits communs à toutes les sensations subsistent sous forme d'idée générale. La prolepse nous donne par là la possibilité de devancer la sensation elle-même suivant le type d'empreintes qui ont laissées en nous des sensations antérieures semblables. Issue des sensations, l'anticipation, en tant que dépassement de l'expérience présente, est une espèce d'idée générale qui doit être confirmée ou infirmée par les sensations elle-mêmes: si la chose conjecturée par l'anticipation se trouve prouvée par l'expérience de la sensation qui la suit, alors elle est confirmée, sinon, elle se trouve infirmée.

L'affection : il y a deux sortes d'affections, l'une, conforme à la nature, et qui est le plaisir, et l'autre, étrangère à la nature, qui est la douleur: c'est par elles que l'on doit distinguer ce qu'il faut rechercher et ce qu'il faut fuir, et c'est donc avec elles que commence l'éthique épicurienne. Le sensualisme, dans l'ordre de la connaissance canonique, renvoie à un hédonisme, à une théorie du plaisir, dans l'ordre de l'éthique.

La physique

Ce qu'il y a à la fois d'original et de remarquable dans la philosophie d'Epicure, c'est cette volonté de rendre compte de la nature, de la "physique" au sens étymologique, de manière matérielle, sans faire appel à des forces mystérieuses et incompréhensibles, ou à des êtres surnaturels qu'il faudrait craindre, c'est-à-dire sans avoir recours à des arguments métaphysiques.

Une telle philosophie de l'immanence introduit une rupture radicale d'avec les mythologies et les traditions religieuses grecques tout autant qu'avec les philosophies de son temps, notamment le Stoïcisme, pour qui nature et Dieu - ou les dieux - ne font qu'un.

L'univers, pour Epicure, est constitué de corps en nombre infini et d'un vide illimité qui existent depuis toujours: "rien ne naît de rien", et "l'univers a toujours été identique à ce qu'il est aujourd'hui, et il sera toujours ainsi de toute éternité". Autrement dit, il n'y a jamais eu de commencement du monde, et comme les atomes sont en nombre infini, il existe aussi une infinité de mondes, différents ou semblables au nôtre, dont la création est possible grâce aux intermondes, ces parties de l'univers qui se situent entre les différents mondes.

Les atomes sont ces particules de matière solides, compactes, qui ne contiennent aucun vide, et qui varient selon leur grandeur, leur forme et leur poids. Soumis à la pesanteur, tous les atomes déclinent dans le vide jusqu'à ce que les chocs viennent les contrarier et les fasse changer de direction. Ce mouvement hasardeux, "stochastique", des atomes qui les amène à dévier hors de leur ligne de chute due à leur pesanteur, et qui fait qu'ils composent et décomposent les corps qui forment le monde, Epicure le nomme "clinamen". La portée philosophique de ce terme , est considérable. En effet, non seulement le clinamen permet d'expliquer la constitution atomique du monde, mais surtout il fonde de manière cosmique et matérielle la possibilité que l'homme a d'être libre, de ne pas être soumis au destin: le libre-arbitre n'est rien d'autre qu'un effet de la déclinaison de ces atomes très subtils qui constituent la pensée.

Car notre esprit est matériel, de même nature que le corps, mais composé d'atomes plus subtils et plus fins, et notre conscience naît de la combinaison d'atomes eux-mêmes sans conscience. L'âme pâtit et agit avec le corps, et se compose de ces quatre éléments que sont le souffle, le feu, l'air, et une substance qui ne possède aucun nom mais qui est plus subtile et plus mobile que les trois autres.

Le temps représente l'accident des accidents, il ne fait pas partie de la structure du monde uniquement composée des atomes et de l'espace où ils se meuvent de manière hasardeuse. C'est des événements eux-mêmes que découle le sentiment de ce qui s'est accompli dans le passé, et le sage épicurien peut à tout moment se soustraire au présent en se souvenant du temps passé. Aussi, pour être heureux, il suffit de l'avoir été ne serait-ce qu'une seule fois, et de choisir d'actualiser un tel sentiment lorsque nous le désirons.

La physique d'Epicure n'a pas ainsi pour finalité la connaissance matérialiste de l'univers et ce qui le compose pour elle-même, mais elle a avant tout pour fonction de nous délivrer de l'ignorance qui produit en nous la crainte et la superstition, et qui nous empêchent d'être heureux.

L'éthique

Cette partie de la philosophie d'Epicure nous enseigne comment accéder à la sagesse, qui est le vrai bonheur que représente une vie fondée sur le plaisir. Mais pour réaliser cela, encore faut-il se débarrasser de ces maux que sont la crainte des Dieux et l'idée de la mort, comme des croyances selon lesquelles le bonheur est inaccessible durant notre vie et qu'on ne peut supporter la souffrance.

Que les dieux ne soient pas à craindre, la physique nous l'a déjà enseigné, puisque ceux-ci, vivant dans les intermondes, ne se soucient aucunement des affaires humaines, contrairement à ce que disent les traditions et les religions. Etant donné la nature des dieux, les hommes ne devront redouter de leur part ni colère, ni vengeance, ni châtiment, bref, aucun mal, mais du même coup, ils ne devront en attendre aucun bien, c'est-à-dire aucun miracle ni aucune faveur; ce qui ne signifie pas d'ailleurs qu'il ne faille pas les vénérer, prier ou fêter, car ceux-ci constituent avant tout des modèles à suivre dans notre vie, mais à la condition de s'être débarrassé de toute superstition à leur égard.

Quant à la mort, il n'y a pas lieu non plus de la craindre, puisqu'étant la perte de toute sensation, elle n'est somme toute qu'une simple modification atomique, qu'un simple changement physiologique , qui nous est étranger tant que nous sommes en vie: contre les traditions religieuses, philosophiques et culturelles, Epicure affirme que la mort ne peut être objet d'aucune spéculation métaphysique, qu'elle ne peut que nous laisser indifférents alors que nous sommes vivants :

L'éthique d'épicure est un hédonisme qui se fonde sur la thèse selon laquelle "le plaisir est le principe et la fin de la vie heureuse". Epicure entendait par "plaisir" essentiellement les plaisirs corporels, ceux de la chair, du ventre. Mais il ne s'agit pas pour autant de plaisirs grossiers ou vulgaires, de débauche, ni de plaisirs "en mouvement", qu'il faut sans cesse satisfaire.

Bien au contraire, le plaisir, essentiellement corporel, est celui qui est conséquent avec la philosophie atomiste; celle-ci postule en effet que tout ce qui est doit exister dans la plénitude de son être pour peu que rien ne vienne le troubler; lorsque rien ne manque au corps, qu'il possède tout ce qui lui est nécessaire, il peut jouir d'un plaisir stable, en repos. Aussi faut-il viser à l'absence de troubles en nous, à l'ataraxie qui, seule, nous donne la paix de l'âme en supprimant les craintes et l'agitation des désirs.

La recherche du plaisir comme "absence de douleur" ne doit donc pas être entendue négativement, comme quelque chose que l'on retranche à ce qui est, mais positivement, comme ce qui traduit un équilibre corporel qui nous fait vivre en harmonie avec nous mêmes aussi bien qu'avec la nature.

Tout plaisir est, par essence, physique, naturel, et ceux de l'âme n'en sont que des variétés; celle-ci est capable, grâce aux sensations, d'anticipation et de délibération, elle nous permet de choisir parmi les plaisirs ceux qui excluent toute souffrance à venir, car "aucun plaisir n'est en soi un mal, mais les effets de certains plaisirs apportent avec eux de nombreux troubles plus intenses que les plaisirs qui les ont causés".

Nous pouvons donc atteindre le bonheur, mais à condition de ne pas rechercher n'importe quels plaisirs et de nous livrer à un calcul permettant de prendre en compte seulement ceux qui nous rendent véritablement heureux. Pour cela, il faut distinguer les plaisirs qui sont naturels et nécessaires, comme manger ou boire, de ceux qui, pour être naturels, n'en sont pas pour autant nécessaires, comme manger une nourriture raffinée, ou trop manger ou trop boire, et dont les conséquences amènent le déséquilibre du corps, et donc la douleur. Quant aux plaisirs qui ne sont ni naturels, ni nécessaires, comme la recherche du pouvoir, des honneurs, ou des richesses, ils proviennent de l'ignorance, de l'opinion creuse et ne peuvent amener aucune vie stable et équilibrée.

Seule la première sorte de plaisirs, ceux qui sont naturels et nécessaires, doit être recherchée: c'est dire que la vie heureuse doit se fonder sur la modération des plaisirs, la recherche du juste milieu, tout excès entraînant invariablement en nous des déséquilibres qui rompent l'harmonie des atomes qui composent notre corps. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faut toujours chercher à satisfaire nos désirs, ni qu'il faut fuir toutes les douleurs et toutes les souffrances; c'est en essayant au contraire d'en surmonter certaines, grâce à l'intervention de la raison et de la volonté qui donnent leur adhésion ou non à telle ou telle inclination, que l'on peut éprouver aussi un plaisir qui n'en a alors que plus de valeur.
La douleur pouvant être surmontée, puisqu'elle est imputable principalement à notre manque de discernement, à notre mauvais jugement dû à notre ignorance des choses, la vie heureuse est possible grâce à la réalisation des plaisirs que l'on choisit.

Libéré des craintes et des superstitions, n'ayant que peu de besoins, vivant à l'écart de la société, le sage épicurien peut prétendre mener une vie paisible et tranquille, être heureux au milieu des tempêtes qui agitent le monde. La philosophie matérialiste et hédoniste d'Epicure nous enseigne qu'il appartient ainsi à chaque homme d'être l'artisan de son propre bonheur.



Citation d'Epicure

"Hâtons-nous de succomber à la tentation, avant qu'elle ne s'éloigne."

"Le plaisir n'est pas un mal en soi, mais certains plaisirs apportent plus de peine que de plaisir."

"Ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid ; celui qui dispose de cela, et a l'espoir d'en disposer à l'avenir, peut lutter comme il arrive, et coulera des jours heureux."

"A propos de chaque désir, il faut se poser cette question : quel avantage en résultera-t-il si je ne le satisfais pas ?"
Extrait des Maximes 

"Le dernier degré du bonheur est l'absence de tout mal."

"Il est plus doux de donner que de recevoir."

"Il ne faut pas tant regarder ce que l'on mange que celui avec lequel on mange."

"L'homme qui a l'âme en paix n'est importun ni à lui-même ni aux autres."

"L'homme qui ne se contente pas de peu ne sera jamais content de rien."

"Dans la recherche commune des arguments, celui qui est vaincu a gagné davantage, à proportion de ce qu'il vient d'apprendre."
Extrait de Sentences vaticanes 

"Il faut se dégager soi-même de la prison des affaires quotidiennes et publiques."
Extrait de Sentences vaticanes 

"La nécessité est un mal, il n'y a aucune nécessité de vivre sous l'empire de la nécessité."
Extrait de Doctrines et maximes 

"Il n'y a rien à redouter dans le fait de vivre, pour qui a authentiquement compris qu'il n'y a rien à redouter dans le fait de ne pas vivre."
Extrait de Lettre à Ménécée 

"Parmi les désirs, les uns sont naturels et nécessaires, les autres naturels et non nécessaires, et les autres ni naturels ni nécessaires, mais l'effet d'opinions creuses."

"Quand on se suffit à soi-même, on arrive à posséder ce bien inestimable qu'est la liberté."

"Tout plaisir est, de par sa nature même, un bien, mais tout plaisir ne doit pas être recherché ; pareillement toute douleur est un mal, mais toute douleur ne doit pas être évitée à tout prix."

"Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse."
Extrait de Lettre à Ménécée 

"On ne peut pas être sans crainte quand on inspire la crainte."
Extrait de Maximes 

"C'est parfois la peur de la mort qui pousse les hommes à la mort."

"Si les Dieux voulaient exaucer les vœux des mortels, il y a longtemps que la terre serait déserte, car les hommes demandent beaucoup de choses nuisibles au genre humain."
Extrait des Doctrines et maximes 

"La vraie sagesse, la vraie supériorité ne se gagne pas en luttant mais en laissant les choses se faire d'elles-mêmes. Les plantes qui résistent au vent se cassent, alors que les plantes souples survivent aux ouragans."

"Ce n'est pas tant l'intervention de nos amis qui nous aide mais le fait de savoir que nous pourrons toujours compter sur eux."

"Tous nos actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur."
Extrait de Lettre à Ménécée 

"Lorsque nous disons que le but, c'est le plaisir, nous ne parlons pas des plaisirs vulgaires et de ceux qui consistent à se réjouir mais de l'absence de douleur pour le corps et de trouble pour l'âme."
Lettre à Ménécée
  

vendredi 7 novembre 2014

Manolo Mylonas (1970-)

Un photographe de l’Humain

Manolo Mylonas est photographe, il travaille en commande pour des titres de presse français. Lauréat du concours" Zooms 2014 "pour le prix de la Presse Photo, avec sa série « Tous les jours dimanche », Manolo Mylonas a su capturer des scènes insolites dans le département Seine Saint Denis (93).

Manolo Mylonas - Autoroute Seine-Saint-Denis

Pendant trois années de travail, il nous fait découvrir des lieux et des situations étranges, impressionnants. Un projet qui l’a amené à dénicher des situations loin d’être ordinaires. Un cheval sur le toit d’un immeuble, une famille qui pique-nique au beau milieu d’une autoroute, une petite maison sous un immense pont façon Là-Haut ou encore des moutons qui se meuvent dans un environnement urbain. La place de l’humain semble au cœur de son travail. Un humain souvent maltraité par le paysage anarchique, dépareillé vaguement abandonné de la banlieue parisienne. Le tout forme une poésie puissante et dérangeante.  

Manolo Mylonas - Bondy

A travers une régularité hebdomadaire, Manolo Mylonas  exprime des scènes extraordinaires qui confrontent des espaces à des êtres, des êtres à des espaces, entre ville et campagne, richesse et pauvreté, destruction et modernité.

En introduction à son projet, le photographe explique :

"J’ai voulu réaliser des images montrant la complexité, voire l’absurdité de certaines situations sur lesquelles je suis tombées dans ces espaces de mauvaises réputation. Espaces de liberté et de perdition, territoires à la frontière entre réel et imaginaire qui embarquent le spectateur comme la littérature, et jettent la confusion."

Et pour ceux qui pourraient se poser la question, Manolo Mylonas confirme qu’il ne s’agit pas de “mises en scène”.

Manolo Mylonas - Bobigny

Manolo Mylonas - Montreuil

Manolo Mylonas - Pantin

dimanche 2 novembre 2014

Le temps des sciences

Personne n'a jamais le temps, mais chaque science a son temps.

La géologie considère le temps comme un manœuvre chargé, à grands coups de millions d'années, de construire, de détruire, de reconstruire...

L’histoire élève le temps au rang de dieu créateur qui, époque après époque, fait émerger des conceptions inédites et des formes politiques inattendues.

La métaphysique envisage l'inconcevable infinité du temps, et ne cesse de s’en effrayer.

L'astrophysique envisage des durées tellement inconcevables que le temps cesse d'effrayer.

L'économie voit le temps comme un faiseur de miracles: il suffit qu'il passe pour qu'un capital initial s'accroisse d'intérêts substantiels.

Les mathématiques, domaine des vérités éternelles, ignorent le temps.

En biologie, le temps est un meurtrier infaillible.

La physique donnerait cher pour savoir quel moteur fait avancer le temps.

La chimie trouve dans le temps une source d'exercices pour tester ses méthodes de datation.

En mécanique, le temps s'appelle « t » et sert à calculer des dérivées.

Mention spéciale pour l'informatique. L'affichage du temps qui reste avant qu'un document soit téléchargé augmente parfois au lieu de diminuer. Ainsi, l'informatique est la seule science capable d'inverser la flèche du temps à l'échelle macroscopique…
Extrait de Pour la Science n°423 janvier 2013