jeudi 21 mai 2015

L'âme du monde - Frédéric Lenoir (1962-)

La Guérison du Monde - Frédéric Lenoir
Sept “sages” sont “appelés” à Toulanka monastère tibétain à 4000m d’altitude à la frontière de l’Inde et de la Chine. Un rabbin kabbaliste, une jeune chamane de Mongolie, un moine catholique brésilien, une mystique hindoue, un taoïste chinois responsable d’un temple, un musulman en charge d’une confrérie, une philosophe néerlandaise accompagnée de sa fille de 14 ans Nitina. 

Ces représentants des principales traditions philosophiques et spirituelles de l’Humanité sont accueillis par un lama et le responsable du monastère, le jeune Tenzin d’une douzaine d’années, réincarnation d’un Bouddha.
Après des interrogations sur leurs appels, sur le sens de leurs présences respectives, et des rêves sur la destruction pour chacun de leur lieu de culte, ils envisagent une fin du monde… Et ils décident de laisser un enseignement commun, difficile sur leurs différents dogmes malgré des points communs de prières ou méditations, d’un monde visible et invisible, d’une notion d’âme et d’immortalité, l’importance d’une vie sur terre par les pensées et les actes déterminant notre bonheur sur terre mais aussi une vie future de notre esprit.

L’objectif sera donc de poser, de formuler des fondements universels de sagesse : un enseignement sur l’attitude juste à avoir en cette vie pour être heureux.

1ère réflexion : Le sens de son existence…

Pourquoi? Qu’a-t-on à réaliser ? Hasard ? Liberté ? Place de chacun ? Apport ? 
2 axes : - la clarté de l’esprit  qui peut rendre libre   - la bonté du cœur qui peut rendre heureux

Avec des expériences à vivre : amour, amitié, activité créatrice, contemplation, beauté du monde…
Le bonheur et le malheur sont à l’intérieur de nous marqués par l’impermanence des choses, difficultés à obtenir ce que l’on convoite, l’insatiabilité des désirs humains… Donc l’objectif est de développer le meilleur de soi même, de se transformer, évoluer pour atteindre un état intérieur de paix et de sérénité.  

Le bonheur c’est de continuer à désirer ce que l’on possède déjà.

2ème réflexion : Le corps et l'âme…

Nous sommes un précieux attelage composé de 2 chevaux et d’un cocher  ayant comme objectif d’apprendre à avancer, à travailler ensemble…
Le 1er cheval est le corps physique : fatigué, mal nourri, mal oxygéné, il manquera d’énergie, il fonctionnera difficilement… d’où l’importance de connaître ses capacités et ses limites…
Le 2ème cheval est le corps émotionnel et psychique, il doit tenir compte de ses états d’âme, se connaître et “maîtriser” ses rapports aux autres…
Le cocher est l’âme spirituelle, il doit être expérimenté, contrôler sans tyranniser, son intelligence le conduisant à la connaissance, à la vérité et à la liberté, son cœur le mettant en quête de l’amour.
Les deux joints à la méditation, le silence renforcent et amène à la beauté et à la justice.

3ème réflexion : L'aspiration à la liberté…

Importance de la lutte aux addictions, aux dépendances matérielles : possédons des objets mais ne soyons pas possédés par eux… le début de la libération passe par un travail sur soi même, par la connaissance.
Etre libre c’est également ne pas agir en fonction du regard d’autrui (désir de plaire ou de ne pas déplaire, attirer l’attention ou rester discret…)
Fais ce que tu aimes, ou penses juste de faire et tu seras heureux. 
La confiance et le juste amour de soi limite le besoin de reconnaissance, de gratification, de compliments ou de renommée sociale,  les critiques, les insultes.
Pour être libre passe comme un mort entre le mépris et les louanges. 
La liberté passe également par la distance à notre conditionnement familial et social. (parabole de la promenade de l’âne).

4ème réflexion : L’amour

C’est l’énergie la plus puissante, il dépasse l’intérêt personnel (lutte contre l’ego) et relie les êtres, c’est l’élan qui apporte une joie…. Il y a plus de bonheur à donner et à servir…
Le respect de la loi morale se fait par sagesse, par raison, obéissance, ou crainte pas par amour….
L’amour a de nombreux visages : filial, amical, passionnel, entre le maître et le disciple… pour les animaux la Terre et le monde…
Il nous apprend que nous ne pouvons être heureux sans les autres, nous sommes faits pour la relation… mais il est piégeant : la relation avec nos parents conditionne toute notre manière d’aimer.
L’amour nous apprend aussi à corriger, éduquer, être juste, recevoir et accepter d’être consolé et soutenu , le pardon au lieu de la vengeance, le partage au lieu de l’accumulation, la compréhension au lieu du jugement….à donner avant de recevoir…

5ème réflexion : Cultiver le jardin de l'âme

En chaque homme il y a la lutte entre deux loups un bon et un mauvais…, celui qui gagnera est celui que tu nourriras… Nourris ce qu’il y a de bon, de juste, de lumineux en toi, affame le mauvais, le négatif, l’obscur.

Il est bon de cultiver : 
- l’émerveillement
- l’effort
- la douceur 
- La bonne humeur, l’humour, la gaîté 
- la foi et la confiance (l’inquiétude et le doute paralysent…)
- la générosité
- le courage et la force
- la bienveillance et la bonté 
- l’esprit  de vérité (liberté)
- la souplesse
- la justice 
- l’humilité (juste opinion de soi)
- le contentement, la sobriété
- la gratitude (remercier la vie pour ses dons santé-amour-travail-amitié)
- la prudence (mesurer les conséquences de ses actes)
- la tempérance (éviter les extrêmes)
- la patience et la persévérance
- l’esprit de service (≠ domination)
- le pardon et la miséricorde 
- La tolérance

6ème réflexion : L'art de vivre ici et maintenant

Il est important de fuir les extrêmes et de chercher la voie du milieu.
L’équanimité la distance juste et sereine par rapport à la vie et ses événements agréables ou désagréables, attachement juste.
Attention à toutes ses pensées : elles créent une énergie et expriment une intention qui ont un effet sur soi et l’univers…
A l’origine était le Verbe…. Attention à ses paroles une seule peut anéantir une vie comme une seule peut lui redonner un  sens (puissance du verbe qui permet à certains d’entraîner des foules)…
Parabole des 3 questions de Socrate pour une parole impeccable : Vérifiée ? bonne ? utile ? sinon tais-toi et oublie!
Vivre l’instant permet une expérience profitable.
La qualité de notre présence au monde est déterminante pour notre équilibre émotionnel, psychologique et spirituel.

7ème réflexion : Acceptation de ce qui est

C’est accepter le réel, ne pas refuser ce qui se présente…
Certaine choses ne peuvent être changées, ce ne sont pas les éléments extérieurs qu’il faut chercher à changer mais nos pensées et nos croyances qui conditionnent en grande partie ce qui nous arrive (les batailles contre nous même sont les plus terribles).
Nous sommes ce que nous pensons.

Les deux grandes lois de la vie :

- Tout acte produit un effet et tu récoltes souvent ce que tu as semé. N’accuse pas la vie ou les autres.
- Tout est impermanent, éphémère en perpétuel changement, ne te crispe pas, accepte les changements, l’incertitude, la mort et ton corps sera en paix.
 C’est accepter ses fragilités : Nous ne nous relions pas seulement aux autres par la synergie de nos forces et de nos dons mais aussi  et surtout par la complémentarité de nos manques et de nos faiblesses. Tout le chemin de la vie c’est de passer de l’ignorance à la connaissance, de l’obscurité à la lumière, de l’esclavage des sens à la liberté, de l’inaccompli à l’accompli, de l’inconscience à la conscience, de la peur à l’amour.
Mets-toi en marche et va vers toi-même alors l’univers te sourira (parabole du marchand de verre).

samedi 2 mai 2015

Une vie encombrée

« La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être ».
Jacques Delors 

Trop de tout

Observons autour de nous. Quel est l’aspect de notre logement ? Force est de constater que nous avons pris l’habitude d’amasser et d’entasser. Nos armoires, trop pleines, sont prêtes à exploser. Dehors, les trottoirs sont noirs de monde, les rues embouteillées. La musique (lecteurs MP3...) et le son des klaxons emplissent nos oreilles. Au bureau, c’est une avalanche d’e-mails qui nous attend. Le soir, devant notre poste de télévision, nous sommes assaillis par un flot continu d’informations (JT, publicités...). Nous pourrions poursuivre cette énumération, tant la liste est longue !

Cependant, nous n’avons pas forcément conscience de tout ce « bruit » qui nous entoure. Nous sommes trop étourdis par ces surplus d’objets, de monde, de nourriture... Nous vivons dans une société où tout est excessif. Il est donc peut-être temps de marquer une pause et de nous interroger sur notre façon de vivre.

Une vie bien remplie.

Ne menons-nous pas une vie trop active ? Il est vrai que notre éducation repose sur l’obtention de résultats. Dès l’enfance, nous devons être le meilleur dans toutes les disciplines. Ensuite, c’est la course après les diplômes. Adultes, nous devons exceller dans notre travail, avoir un conjoint et être de bons parents. Et nous nous devons même d’être heureux !
Mais le sommes-nous vraiment ? Si nous n’y prenons pas garde, notre comportement va nous éloigner de nos valeurs essentielles. N’agissons-nous pas en fonction de ce que la société de consommation nous propose ? Notre réussite se chiffre et se remarque et nous sommes orientés essentiellement vers le paraître.
Nous nous oublions dans des activités inutiles, comme jouer en réseau ou faire les boutiques. Nous ne menons plus notre vie, nous la remplissons. Nous sommes hyperactifs, soucieux d’être « occupés », « importants », « efficaces », « professionnels »... 

Après quoi courons-nous ?

Il semblerait que le stress soit la règle : nous n’avons plus le temps de nous occuper de nous. Nous avons des obligations, des devoirs, des rythmes effrénés, où les tâches à accomplir sont plus importantes que le fait d’exister. Nos journées ressemblent à des courses contre la montre, comme si nous étions sans arrêt en retard.
Pourtant, si nous ralentissons le rythme, nous retrouvons immédiatement notre calme. Alors, pourquoi courons-nous ainsi ? Qu’est-ce qui nous oblige à nous comporter de cette façon ? Devons-nous être débordés pour nous sentir importants ? Pourquoi nous empêchons-nous d’être avec nous-mêmes, tout simplement ? Avons-nous peur du vide pour nous étourdir ainsi ? Craignons-nous d’être confrontés à nous-mêmes ? 

Victimes du marketing

La publicité semble avoir eu raison de nous ! Même si nous ne sommes pas dupes devant certains slogans - nous savons pertinemment que l’objectif est de provoquer l’achat - modifions-nous pour autant nos comportements ? Pas vraiment... Amateurs de sensations, nous recherchons l’inédit. Nous avons ainsi l’impression de vivre plus intensément.
Combien de nouveaux produits sortent chaque année ? Les industriels sont parvenus à nous manœuvrer. Auparavant, ils se contentaient de lancer un nouveau modèle, de temps en temps. Aujourd’hui, les innovations sont quotidiennes. Nous sommes en proie à la consommation du toujours plus. Avoir est devenu un objectif de vie et un gage de réussite. Depuis les années 1960, époque de la naissance du marketing, les techniques de vente se sont améliorées. Plus insidieuses, elles nous traquent désormais jusque sur Internet, en étudiant nos comportements et nos centres d’intérêt. Au lieu de répondre, tels des automates, aux stimuli des annonceurs, essayons de nous libérer de la publicité.

Un comportement d’addiction

La consommation touche tous les domaines : l’habitation, les transports, l’habillement, l’alimentation, les loisirs, voire la santé... Nos besoins se sont transformés en désirs. Nous sommes devenus dépendants de cette consommation à outrance.
Engagée dans un processus productif intense, notre société nous propose un modèle qui repose sur l’opulence. Les économistes ont longtemps défendu le postulat que notre bien-être était proportionnel à notre fortune. En possédant plus, en accédant à davantage de confort, nous serions plus heureux. Notre bonheur dépendrait donc de notre niveau de richesse.
Nous nous sommes donc lancés dans une course effrénée à l’acquisition, portés par l’élan du « toujours plus ». Or, depuis peu, nous commençons à prendre conscience que nous ne sommes pas plus heureux en consommant. L’économiste Richard Layard(1), en s’appuyant sur des études statistiques, a démontré que la richesse n’apportait pas davantage de satisfaction.

Nos vrais plaisirs

Certes, acheter procure du plaisir, mais celui- ci reste assez superficiel. C’est même une supercherie de notre société de consommation ! Nous pouvons nous rendre compte que posséder trop de choses complique en fait notre vie et ne nous rend pas plus heureux pour autant.
Depuis quelques années, des tendances comme la quête du bonheur, de l’amour et d’autres valeurs « non marchandes » préoccupent de plus en plus de monde et prennent le pas sur le matériel.
Ce n’est pas la consommation qui va nous apporter le bonheur. L’acquisition de biens matériels ne peut pas satisfaire tous nos désirs. C’est peut-être parce que nous ignorons ce qui peut nous rendre heureux que nous achetons ainsi.

(1) Richard Layard, Le Prix du bonheur, éd. Armand Colin, 2007. 


Synthèse

Nous sommes encombrés de toutes parts
Nous avons trop de tout. Nos habitations sont pleines. Les rues sont encombrées. Les supermarchés regorgent de produits. Et nous croulons sous les informations...

Nous sommes toujours pressés
Nous sommes toujours en mouvement et semblons courir après le temps, comme si chaque journée était trop courte pour tout ce que nous avons à faire.

Nous sommes souvent stressés
Nous devons être stressés et avoir des obligations. Notre importance et notre réussite se mesurent en fonction du taux d’occupation de nos journées.

Nous sommes facilement dépendants
Aujourd’hui, nous cherchons plutôt à avoir qu’à être. Nous avons toujours soif de nouveauté et cherchons à l’extérieur ce qui pourrait nous combler à l’intérieur.

Nous avons peur de nous-mêmes
Acquérir semble camoufler une peur profonde : celle d’être avec soi. 

Extrait de "Simplifier sa vie"  - Les dossiers de psycho n°3 - Décembre 2010