vendredi 30 octobre 2015

Le sacré et le profane - Mircea Eliade (1907-1986)

Gallimard Collection Folio / Essais
"Le sacré et le profane" de Mircea Eliade, éclaire sur la situation de l'homme dans un monde saturé de valeurs religieuses, sur la signification profonde de l'existence religieuse de type archaïque et traditionnel de l'homme moderne, leurs modalités d'être dans le monde, entre sacré et profane, deux situations existentielles assumées par l'homme au long de son histoire.

L'ouvrage  est composé de quatre parties :

a) L'espace sacré et la sacralisation du monde
b) Le temps sacré et les mythes
c) La sacralité de la Nature et la religion cosmique
d) Existence humaine et vie sanctifiée

Le sacré et le profane constituent deux modalités d'être dans le monde, deux situations existentielles assumées par l'homme au long de son histoire. Ces modes d'être dans le monde n'intéressent pas uniquement l'histoire des religions ou la sociologie, ils ne constituent pas uniquement l'objet d'études historiques, sociologiques, ethnologiques. 

En dernière instance, les modes d'être sacré et profane dépendent des différentes positions que l'homme a conquises dans le Cosmos ; ils intéressent aussi bien le philosophe que tout chercheur désireux de connaître les dimensions possibles de l'existence humaine.

samedi 10 octobre 2015

L'image de l'Homme

lundi 5 octobre 2015

Les Moaï de l’Ile de Pâques

Les Moaï (localement mo'ai) sont les statues monumentales de l’île de Pâques, en Polynésie. Leur taille varie de 2,5 à 9 mètres, pour un poids moyen de 14 tonnes, jusqu'à 80 tonnes pour les plus grosses. Toutes sont des monolithes tournés principalement vers l’intérieur de l’île à l'exception du site Ahu Akivi dont les Moaï regardent l'océan. On estime leur nombre entre environ 600 à 800. Elles ont été taillées dans la carrière du volcan Rano Raraku à l'est de l'île. On peut même encore y voir des statues inachevées.

Les Moaï bien qu'étant en basalte pour l'essentiel, ont les yeux constitués d'os (de requins ou parfois d'autres vertébrés), et les pupilles étaient incrustées de corail ou d'obsidienne. Ils étaient taillés à l'aide de hache "Toki", des haches grossièrement taillées et polies dans du basalte ou en éclats d'obsidienne. Ils portaient tous lors de leur édification un Pu Kao (la coiffe qu'ils portent au sommet de leur tête), on peut traduire cela par le terme "chignon". Ces coiffes, d’une tonne environ, n'étaient pas taillées dans le même volcan, c'est une pierre rouge provenant de la face ouest de l'Ile. Elles étaient taillées sur place puis transportées. Elles ont la forme d'un chapeau cylindrique terminé par un bouton.

Ahu Tongariki

L'île de Pâques est probablement le lieu le plus isolé du monde. Elle se situe dans l'Océan Pacifique à 3700 km. de Tahiti.  La terre la plus proche est Pitcairn située à 2000 km d'elle. Ses coordonnées précises sont 109° de la latitude Ouest et 27° de longitude Sud.

Elle prit son nom lors de sa découverte par l'explorateur hollandais : l'Amiral Jacob Roggeveen qui l'aperçut le soir du dimanche de Pâques le 5 avril 1722. Il la nomme Paasch Eylandt, littéralement: "Île de Pâques". L'île est constituée d'une terre aride, dénudée, desséchée par le vent qui empêche la végétation de pousser sur un sol fertile.

Sur cette île perdue, aux paysages arides s'est développé ce que personne n'attendait: une civilisation étonnante et riche qui a laissé des traces monumentales avant de sombrer. A partir de ces quelques éléments, des centaines d'hommes, plus ou moins scientifiques, ont élaboré des théories pour tenter d'expliquer le mystère. On pense que les premiers hommes se sont établis sur l'île en 500 après J-C. et qu'ils venaient de Polynésie.


Il existe plusieurs théories sur l’origine de ces statues

Les théories fantastiques

- Les vestiges d'un continent disparu: les Moaï auraient été construits par les héritiers d'une civilisation hautement avancée mais ayant brutalement disparue. Trois civilisations mythiques sont en concurrence: la Lémurie, l'équivalent de l'Atlantide, mais située dans l'océan indien ; l'empire de Mu, vaste continent du Pacifique et enfin tout simplement l'Altlantide dont l'île de Pâques aurait été un avant poste.

- L'implantation extra-terrestre. Dans cette théorie, tout s'explique: les Moaï sont la représentation fidèle des visiteurs de l'espace et ce sont eux qui ont donné les moyens techniques (ou peut-être même la force physique) de déplacer ces énormes statues.

La théorie actuelle

On ne sait pas encore tout sur l'île de Pâques. Mais aujourd'hui des connaissances scientifiques et des hypothèses rationnelles permettent de se faire une idée de ce qui s'est passé. A l'époque de la construction des Moaï, l'île était couverte de forêts. C'est justement la construction massive des statues, dont on pense qu'elles symbolisaient la gloire des chefs de clan, qui a causé la disparition des forêts. On s'en servait pour faire rouler les statues. Conséquence: la terre n'a plus été retenue par les racines des arbres et elle a été érodée de façon accélérée avec les pluies. L'agriculture est en crise et très vite une terrible famine fait rage. Les Pascuans entrent alors dans une phase de guerre civile dans le but de posséder le peu de ressources à disposition. Leur civilisation sombre rapidement.

Cette théorie est séduisante, elle correspond parfaitement à l'air du temps où l'on aime à penser que l'île de Pâques représente le monde où l'homme court à sa perte s'il continue de surexploiter les ressources de la Terre.

Toutefois, près de trois cents ans après la découverte de cette île et de ses trésors archéologiques, les mystères concernant Rapa Nui demeurent entiers. Ce ne sont que bribes de réponses, suppositions et théories que les passionnés d'architecture, comme les chercheurs, parviennent à donner.




Le célèbre aventurier anglais James Cook eut cette réflexion en découvrant les Moaï en 1774: "Comment ces insulaires, qui ne connaissaient en aucune manière les puissances de la mécanique, ont pu élever des masses si étonnantes, et ensuite placer, au-dessus, les grosses pierres cylindriques ? Ces monuments singuliers, étant au-dessus des forces actuelles de la nation, sont vraisemblablement des restes d'un temps plus fortuné. Sept cents insulaires, privés d'outils, d'habitations et de vêtements, tout occupés du soin de trouver des aliments et de pourvoir à leurs premiers besoins, n'ont pas pu construire des plates-formes qui demanderaient des siècles de travail".


Quelles étaient leurs fonctions ?

Elles sont mystérieuses. Certains y voient des fonctions religieuses: des statues dressées en l'honneur de dieux, idoles gigantesques dédiées à la prière et à l'adoration. Ces statues étaient peut-être dressées dans le but de protéger les habitants (des guerres, d'étrangers, d'esprits malfaisants, du climat). Seraient-elles là pour veiller sur l'île ? Ou bien serait-ce des monuments dressés en l'honneur des morts. Toutes les statues sont tournées vers l'intérieur de l'île (le dos face à la mer). Il existe une exception, le Ahu Akivi,  un alignement de 7 Moaï qui regardent en direction de la mer. Cependant,  leur regard se dirige toujours vers le ciel, on les surnomme régulièrement "ceux qui regardent les étoiles".

Ce qui à posé bon nombres de questions, c'est aussi leur physique. Ils n'ont pas de caractéristiques physiques des Polynésiens. Ils ont des nez aquilins, des lèvres fines, des fronts hauts et de la barbe. C'est pour cela que beaucoup pense que l'île a subi deux vagues de migrations d’origine différente (l’une venant de Polynésie et l'autre d'Amérique du Sud probablement du Pérou).
 

Que leur est il arrivé au cours des siècles ? 
Depuis leurs créations, les Moaï ont subi des dommages ou des modifications. En effet, après la plus violente des guerres tribales (celles où les "courtes oreilles" ou anéanties les "longues oreilles"), la plupart des statues ont été abattues, mais pas forcément tout de suite.

En effet, au fur et à mesure des premières explorations de l'île (celles du XIXème siècle), les Européens se sont aperçus qu'il y avait de moins en moins de Moaï debout. Il est probable que puisque c'étaient les Longues Oreilles qui faisaient sculpter les statues, les nouveaux chefs de l'île se soient désintéressés des statues.

Ils ont perdus leur yeux (les os qui servaient a cet effet) ont subi les dommages du temps. Bon nombre ont aussi perdu leur Pu Kao (la coiffe qu'ils portent au sommet de leur tête). Aujourd'hui encore, il reste des dizaines de statues dans la carrière qui n'ont pas été achevées (jusqu’à 300 selon certaines estimations).

On en trouve à tous les stades de la construction: à peine démarrées, bien entamées et même certaines quasiment prêtes à partir. Notamment la plus grande statue de toutes qui n'a jamais été achevée: elle mesure plus de 24 mètres, elle aurait pesé entre 135 et 150 tonnes. Ces statues non finies attestent d'un arrêt soudain de leur fabrication (lié sans aucun doute au massacre des "Longues Oreilles").

Au Nord-est de l'île, dans la baie de Hanga Hoonu (Baie Lapérouse), on trouve à côté du plus grand Moaï (une douzaine de mètres, mais il a été mis à terre), une petite pierre ronde. On n'a pu réussir à déterminer depuis combien de temps cette pierre est là, ni si ce sont les vents et la mer qui l'ont ainsi façonnée naturellement ou bien si cette pierre a été sculptée par l'homme. Enfin pour les Pascuans, cette pierre dans leur culture représente le centre du monde (étrange car elle ne se situe pas du tout au centre de l’île). Il semblerait que par le passé, les Pascuans accordaient réellement une valeur très importante à cette pierre. Un culte lui était probablement dédié.



Un culte nouveau, celui de "l’homme oiseau", se mettait en place quand l’île fut découverte le 5 avril 1722 par ce marin hollandais, Jacob Roggeveen. L’évangélisation massive de la population fit disparaître toute trace des anciens cultes de sorte que la plupart des souvenirs de cette civilisation fut perdu.

Néanmoins, la tradition d'édification des Moaï est restée ancrée dans la culture orale de Pascuans. Tous les printemps, la plus grande fête de l'année avait lieu. C'était une compétition où chaque participant devait s'emparer d'un œuf. Elle était précédée d'une cérémonie religieuse consacrée au culte de l'Homme-Oiseau. C'était la fête de "Tangata Manu". L'objectif de cette fête était de désigner un second roi sur l'île pour un an. Le concurrent (une personne influente) était représenté par un serviteur (le Hopu).



Celui-ci se dirigeait avec les autres concurrents à la falaise d'Orongo et se rendait vers l'île de l'Homme Oiseau qui est la plus éloignée (environ à 2 km de la côte). Ils devaient ramener le premier œuf de sterne (des hirondelles de mer ou Manutara dans le langage local) pondu sur l'îlot de Moto Nui. Il fallait pour cela, grimper une falaise à pic de 180 mètres et ramener l'œuf sur sa tête sans évidemment le briser. Pendant la compétition, la population observait sur la pente en face de l'îlot pour attendre le vainqueur et bien veiller au respect des règles. Le site d'Orongo était situé sur la partie de la crête du cratère du Rano Kao qui surplombe les hautes falaises noires où se trouve un village avec des maisons en forme de pirogue faites de pierres. Celui qui ramenait l'œuf à son maître, prenait alors le nom d'Homme-Oiseau (ou dans la langue locale le Tangata manu); il incarnait sur Terre le dieu Maké Maké: le créateur de l'univers.

Le maître gagnait un pouvoir considérable pour une année: il devenait le second roi de l'île ou obtenait un titre de chef militaire (quand on sait que les tribus se bataillaient régulièrement, on peut mieux percevoir l'importance de cet homme).

Après la fête, le guerrier qui rapportait l'œuf se faisaitt raser le crâne et devait séjourner pendant un an (jusqu’à la prochaine célébration) dans une grotte. Très peu de personnes avaient le droit de le voir et ses repas étaient préparés par les quelques personnes habilitées à le faire (essentiellement des prêtres). Il était soumis à de sévères interdits du fait de son caractère sacré. Cette compétition dura jusqu'à la fin du XIXème siècle, elle finit par disparaître en raison de la présence de très peu de Pascuans d'origine au fil des années, les traditions se perdant.

Carte de l'Ile de Paques


Depuis 1995, le patrimoine exceptionnel de l’île est protégé et inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO. Des parcs ou réserves naturelles, parfois surveillés, enserrent les zones des vestiges. La communauté rapanui veille jalousement sur les traces de son histoire et constitue un pouvoir parallèle au gouvernement officiel Chilien. D’après le recensement de 2002, l’île compte 3 791 habitants.