samedi 12 décembre 2015

La cathédrale de Chartres, Eure-et-Loir (28)

Cathédrale de Chartres
Au cœur des champs paisibles de la Beauce se dresse la majestueuse cathédrale de Chartres. Ce monument est inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco et mérite le détour tant son ouvrage complexe interpelle avec la force de ses symboles.

Bien avant l’installation des chrétiens sur le site, celui-ci était déjà vénéré par les Gaulois. Le nom même de Chartres a, semble t-il, une origine culturelle car il pourrait provenir soit de « carns », nom donné aux autels de pierre utilisés par les druides, soit de « carnuts » qui signifie « lieu sacré des Carnutes », du nom des Gaulois habitant la région lors de la conquête romaine. Avant la première église, le site était occupé par un temple païen dans lequel s’ouvrait un puits sacré d’environ 33 m de profondeur. La légende affirme que c’est dans ce puits, dit « des Saints-Forts », qu’ont été précipités les premiers martyrs chrétiens du lieu.

On peut noter que l’orientation de la cathédrale est insolite. Elle est dirigée vers le Nord-est alors que la plupart des églises sont tournées vers l’Est c’est-à-dire vers la Palestine, berceau du christianisme. La nécessité de prendre appui sur les bases enterrées de l’ancien temple païen pourrait expliquer cette anomalie.

La cathédrale de Chartres présente des particularités qui ne répondent pas forcément aux archétypes chrétiens. Par exemple, on ne trouve nulle part de représentation de la Crucifixion. Par ailleurs, des thèmes astrologiques sont traités dans le décor de la cathédrale : les signes du zodiaque encadrent la grande scène de l’Ascension au tympan de la porte nord.

Enfin, l’élément le plus énigmatique est certainement le labyrinthe. C’est un dessin incrusté dans le sol de la nef, constitué de onze anneaux de dalles noires qui s’enroulent pour former un parcours de plus de 260 m.

Cathédrale de Chartres - Labyrinthe
 
Sa construction

Cathédrale de Chartes - Nef
Notre-Dame de Chartres fut reconstruite sur les ruines calcinées de la précédente cathédrale romane de la ville. En juin 1194,  un incendie ruine la majeure partie de la ville haute et la cathédrale romane du XIème siècle. La pierre est si calcinée qu'elle est jugée irrécupérable. Cependant, les constructions en sous sol sont intactes, ainsi que la façade occidentale et ses deux tours.

Dès les mois qui suivent l'incendie, on trace les limites du nouvel édifice projeté en tendant des cordeaux et l'on vérifie l'équerrage, ce qui amènera à redresser le diamètre transversal de l'abside. On implante les contreforts aux flancs de la nef et les deux gros contreforts qui limitent le chœur à l'Est. 

Comme l'ancien chœur est encore partiellement debout, il est impossible d'effectuer des visées ou de tendre des cordeaux dans ce secteur, d'où quelques irrégularités. Avant la fin de l'année, les fondations de tous les murs extérieurs sont établies, y compris les murs englobant les deux bras du transept et les chapelles absidales du côté sud.

Dès lors, les formes essentielles de la cathédrale sont fixées pour toujours. Par la suite, on pourra modifier le projet initial, mais en construisant sur ce qui existe déjà on n'enlèvera jamais une pierre mise en place.

1200  est l'année où l'on apporte de profondes modifications au projet initial: on opte pour deux déambulatoires au lieu d'un seul. De ce fait, les chapelles absidales seront moins profondes que ce qui était d'abord envisagé et on renonce aux deux longues chapelles latérales. Toute la surface de l'église est utilisable en 1204, sous un toit temporaire, sauf la dernière travée du transept nord et de son collatéral ouest. En 1226,  trente-deux ans après l'incendie, la cathédrale est presque finie.

 Il aura fallu seulement une vingtaine d'années pour construire le gros-œuvre d'un édifice qui s'impose par son étonnante unité et son incontestable harmonie. Cette cathédrale prend racine et s'élève sur la crypte carolingienne et l'église basse, appelée "crypte", de la cathédrale de Fulbert. Celle-ci, après avoir supporté les énormes charges de l'église romane, est devenue la matrice de la nouvelle. Se déployant sur 220 m de longueur, elle en commande et ordonne le plan.

Nous ne connaissons pas le nom du maître d'œuvre qui dès les premières années du XIIIème siècle osa jeter pour la première fois à une telle hauteur des voûtes sur croisées d'ogives, cela malgré l'existence de la crypte qui, en imposant les points d'appuis, donnait à la nef une largeur exceptionnelle de 16m40. Le maître d’œuvre de Chartres innove prudemment. Dans l'élévation, le triforium remplace les tribunes. Les fenêtres hautes chassent le mur, cédant la place aux vitraux. La cathédrale de Chartres devient le premier édifice de très grande dimension dont il fut décidé que tout le système de structure assurant sa stabilité reposerait sur l'emploi d'arcs boutants. De massives culées taillées en ressaut, canalisent les poussées de la voûte. De tout son poids, celle-ci peut alors s'élever à 37m 50 au-dessus de la plus large des nefs de cathédrale gothique.

Cet édifice de pierre, dont tous les éléments d'architecture servent à conduire les forces vers le sol, nous attire irrésistiblement vers le haut, là où s'épanouissent dans la légèreté de la voûte, les piliers et les colonnes. Rien dans cet ensemble n'est gratuit. Toutes les lignes sont nécessités de construction. La décoration, elle-même, très sobre, révèle et souligne l'architecture. Nécessité qui est beauté. C’est en parcourant la nef que l’on peut apprécier la santé robuste, l'immensité du vaisseau, l'élan puissant des piliers de la nef solidement amarrés au dallage le rythme cadencé des piles tantôt cylindriques, tantôt octogonales, le mouvement ascensionnel des quatre gerbes de colonnes à la croisée du transept, l'admirable harmonie des proportions.

Il faut sortir aussi pour admirer l'alliance formidable de la puissance et de la légèreté dans la double volée d'arcs-boutants du chevet. Savoir toujours passer du dedans au dehors, du dehors au-dedans et, ici, demeurer pour découvrir dans la pénombre, la lumière écrivant les formes et dessinant sans cesse les volumes.
Les neufs portails sculptés de la cathédrale de Chartres sont répartis sur les trois façades par groupes de trois chacun. C’est, par ailleurs la seule en Europe dont les portails des transepts soient précédés de porches également ornés de sculptures.

Si les cathédrales sont connues comme des « livres de pierre », allusion aux milliers de détails sculptés qui « racontent » la Bible, ici, les portails sont exceptionnellement détaillés en récits bibliques de toutes sortes, autrefois polychromes. L’homme du Moyen-âge y puisait sa connaissance des Saintes Ecritures en essayant de comprendre, d’appréhender les messages offerts à ses yeux, et ainsi de parvenir à l’Invisible par le visible, de l’image au symbole universel. On peut estimer que 10.000 personnages y sont peints ou sculptés. Autrefois tout était peint, dehors comme dedans.

Cathédrale de Chartres -Vitraux
Au 12ème et 13ème siècle, il était de règle que les verrières soient exécutées en même temps que les constructions des murs. 

La cathédrale de Chartres possède le plus important ensemble vitré du 13ème siècle présent dans un même édifice : 184 verrières dont 43 roses et 141 lancettes, soient 2600 m² de verre.

Ces vitraux illuminent, les après-midi de soleil la pierre de la nef par des jeux de lumières bleues, or, rouge, à la manière d’un gigantesque livre d'images représentant les étapes de la bible, mais aussi la vie corporative du Moyen Âge.

La cathédrale de Chartres, ce magnifique vaisseau de pierre est un univers de symboles que chacun peut lire à sa façon, avec le regard du profane, ou celui de l’initié.


  
L’horloge Astrolabique

Au Moyen-âge, la société est essentiellement catholique et agricole. La vie des hommes est structurée par les prières et les tâches agricoles. Avant l'invention de l'horloge mécanique c'est le cadran solaire qui donne l'heure, pour les activités publiques aussi bien que religieuses. La subdivision précise du jour et de la nuit et la réglementation des offices est une nécessité pour le clergé. C’est donc  dans les édifices religieux que sont construites les premières horloges.

La cathédrale de Chartres est, avec celle de Bourges, la seule à posséder une horloge dite « astrolabique ». Il n’existe que deux exemplaires de ce type conservés et connus dans le monde.. Il est fait mention de cette  horloge, située dans le pavillon de l'Horloge, dès 1407. Ce bâtiment, situé au pied du clocher nord, était destiné à abriter la machinerie de l'horloge à l'extérieur de la cathédrale. Son mécanisme était relié aux cloches par un système complexe de tringles qui a depuis disparu.

L'horloge astronomique de la cathédrale de Chartres présente un cadran d’environ un mètre de diamètre. Il indique les 24 heures de la journée, les phases de la lune, le temps d'un cycle lunaire et les signes du zodiaque correspondants au mois de l'année. Son mécanisme, endommagé à la Révolution, a fait l'objet d'une restauration en 2008.

Horloge Astrolabique de la Cathédrale de Chartres

Le labyrinthe 

Le labyrinthe de la Cathédrale de Chartres comprend onze anneaux concentriques séparés par une bordure de marbre bleu Il n'existe qu'un chemin pour rejoindre le centre sans impasses ni fausses pistes. Mais le chemin est laborieux : le chrétien qui le parcourait à genoux, en simulant le pèlerinage pour gagner son salut, devait à six reprises s'éloigner du centre alors qu'il y touchait presque. Il parcourait ainsi dix fois la hauteur de la nef et l'on dit qu'il y mettait le même temps que pour parcourir en marchant une lieue.

Le pèlerin découvrait au centre une rosace, reflet de celle du vitrail ornant la façade, et, étrangement en ce lieu, l'image de Thésée et du Minotaure. L'Église remplaça progressivement, dans les cathédrales et abbayes, l'image du Minotaure par celle du Christ avant d'entreprendre la destruction des labyrinthes apparaissant comme une impardonnable concession aux rites païens.



Les labyrinthes gravés sur le sol des cathédrales étaient à la fois la signature de confréries initiatiques, de constructeurs et les substituts du pèlerinage en Terre Sainte. La plupart ont été détruits et nous ne connaissons certains uniquement par des dessins qui furent exécutés par des artistes ou des curieux, à différentes époques.

Ces labyrinthes ont des géométries variées, octogonale à Reims et à Amiens, circulaire à Chartres ou carrée à Orléansville en Algérie, mais ils possèdent tous une caractéristique commune : un parcours unique, contenant une seule voie qui mène au centre que l'on atteint après avoir effectué un certain nombre de tours, détours et retours sur soi-même.

L'essence même de ce type de labyrinthes est de construire dans un espace défini, un chemin à l’enchevêtrement le plus complexe possible qui a pour effet de retarder l'arrivée de celui qui parcourt ce chemin jusqu’au centre qu'il veut atteindre, sans toutefois lui faire courir le risque de se perdre. Le labyrinthe se présente alors comme un chemin initiatique et spirituel qui contient une voie et une seule, celle qui mène à Dieu. L'Eglise a probablement favorisé cette configuration, ne souhaitant pas que le fidèle puisse croire qu'il était possible de s'égarer en cherchant à gagner le royaume du ciel.

A la manière d'un pèlerinage, ces labyrinthes étaient désignés généralement sous le nom de « Chemin de Jérusalem » et se parcouraient à genoux en chantant des psaumes et des pénitences, jusqu'en leur centre. Le croyant qui ne pouvait accomplir le pèlerinage réel parcourait en imagination le labyrinthe jusqu'à ce qu'il arrive au centre, au lieu saint.    

A l'image du combat de Thésée contre le Minotaure, le parcours vers le centre du labyrinthe figurait l'âme régénérée par la grâce divine triomphant du mal, arrivant au centre du labyrinthe : la Jérusalem céleste. C'est pour mettre en relief la valeur et l'importance de ce qui se trouve au centre que la plupart d’entre eux était constitué de plaques circulaires de cuivre ou de marbres, gravées ou sculptées. Ces plaques ont aujourd'hui disparu, victimes de l'usure du temps.


Combles de la Cathédrale de Chartres
Les photographies ci-dessous sont l'oeuvre d'Eric GRIMAUD et proviennent du site 

N'hésitez pas à vous y rendre pour en découvrir d'autres, tout aussi fabuleuses.






mardi 1 décembre 2015

Genèse - Wojtek Siudmak (1942-)

Wojciech Kazimierz (Wojtek) Siudmak, né le 10 octobre 1942 à Wieluń est un peintre d'origine polonaise, installé en France.

Genèse - Wojtek Siudmak

Il étudie au Collège d'Arts Plastiques de Varsovie de 1956 à 1961 et aux Beaux-Arts de Varsovie de 1961 à 1966. En 1966, il vient étudier à l'École nationale supérieure des beaux-arts à Paris et s'établit définitivement en France. Il vit actuellement en région parisienne.

Il qualifie son œuvre de "fantastique hyper-réaliste". Elle dépeint des univers fantasy, science-fiction, sur toile à la peinture à l'huile. Son œuvre a quelques points commun avec M.C. Escher, Max Klinger, Léonor Fini mais aussi Dali, Magritte et Paul Delvaux. Siudmak voisine avec Dali par sa virtuosité à rendre l'illusion tridimentionnelle de l'espace, par son sens des ombres et des lumières, les perspectives linéaires et aériennes. 

Wojtek SIUDMAK, Imaginales 2005
Siudmak ajoute à ces moyens d'expression artistique traditionnels des moyens purement hyper réalistes et très personnels, où la recherche de la perfection technique est mise au service d'une imagination débordante et originale.

De nombreuses personnalités ont exprimé leur admiration pour sa peinture, dont : George Lucas, Robert Silverberg, Paul Guth, J.J. Annaud, Jacques Goimard, Stan Robinson, Françis Lai...

Son travail est principalement célèbre par ses illustrations de couvertures de romans de science-fiction. Il a illustré tous les numéros de la collection Presses Pocket Science-fiction dirigée par Jacques Goimard, dont la série "Dune" de Frank Herbert.



Parcours de l’œuvre de W. Siudmak
Panorama réalisé par Michel Montagut, musique de Yann Linhart.

Cette vidéo se trouve sur le site internet de Wojtek Siudmak